Nomindari Shagdarsüren [rencontre littéraire]

vendredi 10 juin | 18h00 Concerts & spectacles

à 18h, gratuit


Présentation des ouvrages de la poésie mongole à paraître en mai 2022

Connaissez-vous un pays où le Ministre de la Défense organise chaque année son propre festival de poésie ? Un pays où environ 70 jours sont consacrés à des fêtes dédiées uniquement à la poésie ? Et tout cela pour une population de seulement 3 millions d’habitants sur un territoire qui fait presque 4 fois la surface de la France ! C’est la Mongolie. Contrairement à son image de guerrière médiévale – inspirante quoique terrifiante – l’attachement de l’âme mongole à la poésie nous dévoile un tout autre aspect.

La traductrice littéraire Nomindari Shagdarsüren vous invite à plonger dans l’univers poétique mongol à travers quatre recueils, à paraître en 2022 grâce à l’accompagnement du Pôle artistique et culturel Angèle-Vannier :

  1. Abreuver son cheval en automne de Uriankhai Damdinsüren aux Éditions Folle Avoine ;
  2. Âge des poussières d’étoiles de Ölziitögs Luvsandorj,
  3. Deux Soleils de Nyamsüren Danzan et Nyamdorj Gürjav,
  4. Petit mandala de poésie mongole (recueil de 15 poèmes) aux Ateliers Miennée de Lanouée

ABREUVER SON CHEVAL EN AUTOMNE

Uriankhai Damdinsüren

Abreuver son cheval en automne

Un oiseau solitaire plane sur un ruisseau…

Étrangement,

Il plane très lentement, à l’allure d’une tortue…

Pour une raison que j’ignore,

Mon cheval, en méditation,

Oublie de boire, ronge son mors séché

Et regarde tristement le sommet de montagne…

Un oiseau solitaire plane sur un ruisseau…

Le fait que l’oiseau solitaire plane seul sur le ruisseau,

Semble qu’il ait perdu ses ailes sur terre, le pauvre ,

Et les cherche toute la journée.

Par empathie, l’envie de voler avec lui me vient…

J’ai sifflé en desserrant la sangle…

Mon cheval

En humant l’ombre de l’oiseau

Depuis les rapides du ruisseau,

Tâte ma paume avec ses lèvres tièdes

Comme s’il cherchait la clé de mon âme,

Et me fixe au fond des yeux

Comme s’il retraçait mes péchés.

Son hennissement doux… tout doux, comme s’il pleurait

Résonne dans le bosquet de mon âme

Telle une foudre subite…

 

1979.

3 janvier 1994.

octobre 2002.

Extrait du recueil Abreuver son cheval en automne, traduit du mongol par Nomindari Shagdarsüren, 2022.

 

ÂGE DES POUSSIERES D’ETOILES

Vie

Perlant du bout d’une herbe,

seule, la goutte de rosée

s’efforce de ne pas s’écouler.

̶ Ölziitögs Luvsandorj

Extrait du recueil Âge des poussières d’étoiles, traduit du mongol par Nomindari Shagdarsüren, 2022.

Œuvre originale de Battulga Dashdor, encre de chine sur papier de riz.

DEUX SOLEILS

Chaque fois que je vois votre beau visage

Mon corps s’accorde comme une cithare,

Alors que je voudrais chanter à tue-tête

D’un soupir, toutes mes cordes se brisent.

̶ Nyamdorj Gürjav (1958-1998)

Extrait du recueil Deux Soleil, traduit du mongol par Nomindari Shagdarsüren, 2022.

Œuvre originale de Battulga Dashdor, encre de chine sur papier de riz.

PETIT MANDALA DE POESIE MONGOLE

Ô les papillons,

Transportant le clair de lune

Sur les feuilles !

Envoyez-moi le parfum

De la nuit des temps !

̶ Tsend Tseveen

Extrait du recueil Petit mandala de poésie mongole, traduit par Nomindari Shagdarsüren, 2022.

Œuvre originale de Battulga Dashdor, encre de chine sur papier de riz.

Traduction © Nomindari Shagdarsüren : www.routesnomades.fr

Illustration © Battulga Dashdor : www.battulgadashdor.com

Edition © Pôle artistique et culturel Angèle-Vannier : www.poleculturel.fr

Impression © Les ateliers Miennée de Lanouée : www.typographelanouee.over-blog.com

Nomindari Shagdarsüren

Née en 1986 à Oulan-Bator, Nomindari Shagdarsüren est traductrice (recherches, films, littérature, médias) et enseignante du mongol à l’INALCO.

Diplômée du Master en Médiation du patrimoine culturel à l’Université Rennes 2, Nomindari Shagdarsuren est spécialisée dans le secteur du patrimoine culturel immatériel (PCI). Elle a travaillé pour des organisations de l’ingénierie culturelle nationales et internationales en Mongolie (Commission nationale pour l’UNESCO), en France (CFPCI et association France PCI) et Corée du Sud (ICHCAP). Elle a participé aux dossiers de candidature des éléments du PCI mongol sur les listes de l’UNESCO (chant diphonique khöömii, épopée tuuli, danse bie biyelgee). Elle est l’auteur de plusieurs articles en mongol, anglais et français sur le PCI.

Aux côtés de l’ethnomusicologue Johanni Curtet, qui promeut la culture et la musique traditionnelle mongole en Occident depuis 2006 avec l’association Routes Nomades, elle contribue à organiser de tournées, produire de disques et effectue la médiation culturelle. Ils réalisent ensemble une première anthologie du chant diphonique mongol en 2017 avec le label Buda Musique. Nomindari Shagdarsüren s’attèle à faire connaitre le patrimoine littéraire de son pays.

Bibliographie

  • Abreuver son cheval en automne de Uriankhai Damdinsüren aux Éditions Folle Avoine (à paraître en mai 2022) ;
  • Âge des poussières d’étoiles de Ölziitögs Luvsandorj (à paraître en mai 2022),
  • Deux Soleils de Nyamsüren Danzan et Nyamdorj Gürjav (à paraître en mai 2022),
  • Petit mandala de poésie mongole (recueil de 15 poèmes) aux Ateliers Miennée de Lanouée (à paraître en mai 2022)
  • Mongolie, 3 poèmes d’Erdenezulai Dorjnyambuu et 3 poèmes de Byambajav Gombojav aux Éditions Jentayu, 2020.
  • Khusugtun, Jangar, Paris : Routes Nomades / Buda Musique, 2020.
  • Henri Tournier & « Épi » Enkhjargal Dandarvaanchig, Souffles des steppes, Paris : Accords Croisés, 2017. Traduction mongol-français des chants traditionnels « Baatar Tsogtyn Nagats » (L’oncle du héros Tsogt) et « Erüü tsagaan boljmor » (L’alouette à gorge blanche).
  • Meïkhâneh, La Silencieuse, Paris : Buda Musique, 2017. Auteure et traductrice du poème « Uulyn nulims » (Les larmes de la montagne).
  • Avec Johanni Curtet, Une Anthologie du khöömii mongol, Double-disque et livret trilingue 46p. + compléments textuels en ligne (français, anglais, mongol), 12 vidéos, Paris : Buda Musique, coll. Musiques du Monde.